Outre d’avoir été qualifiés de « sales c*** » (bunch of As***le) par le « Dude » aka Jeffrey Lebowsky (qui avait été un moment leur roadie) le problème des membres historiques de Metallica est qu’ils ont toujours porté la poisse à leur bassiste. Or, un bassiste n’est pas une girouette, c’est un pilier ; c’est un peu lui, avec son comparse aux baguettes, qui indique le nord rythmique au reste de la bande sans se laisser ballotter par les moulinets du soliste ou l’hystérie vocalique du chanteur. La musique triple-croche au quadruple kick n’étant plus ce qu’elle fut depuis l’avènement d’internet, des DJ-produceurs et des homes studios bon marché, l’idée d’aller faire des « gros sous » ailleurs a rapidement inspiré le comptable du groupe. S’il est préférable aujourd’hui d’écouter un « Live » de Led Zeppelin au Madison Square Garden que de se forcer à boire son mug de malt vieilli au fond d’un pressoir à vinyles, il n’est pas vain de rappeler qu’on est rarement hyper talentueux en plusieurs domaines ; la loi de la compensation nous force à nous méfier des petits malingres bossus sourds-muets et aveugles : ils ont généralement hérité en contrepartie d’une science ou d’un savoir-faire extraordinaire et unique.
S’il faut donc reconnaître à Metallica, dont les membres ont été généreusement gâtés par la nature, une connaissance quasi scientifique en la mesure du « loudness » et la maîtrise parfaite du bas médium sur une console SSL 4000, on pourrait être amené à se dire que « chacun son truc » devrait être labélisé une bonne fois pour toutes à l’entrée des chais les plus fameux.
À l’ère des likes and dislikes népotiques, des selfies seconde et vidéos minute TikTok YouTube, il n’est pas rare de nos jours que l’on puisse se croire lion ou étalon de course en naissant par accident dans un zoo ou une écurie.
Notons tout de même que pour chaque coffret de bouteille acheté (pour rappel, il s’agit d’une édition limitée et distribuée uniquement dans certains états américains), des « goodies » sont offerts : deux disques, un plectre en plastique (de guitariste forcément), un stylo à ressort, un patch et un fascicule. Si vieillir, mal, peut provoquer de l’arthrose (demandez au talentueux Phil Collins, il ne peut plus tenir une paire de sticks) et rendre pénibles deux descentes de gamme, il n’en demeure pas moins que tant que l’on conserve toute sa tête, l’esprit d’épicier est éternel et le marchand de sable n’est jamais loin.